S’ILS sont restés dans le même ordre, les diffé- rents partis ont perdu des points depuis le mois de septembre. C’est ce qui ressort des résultats du dernier sondage d’Emrhod Consulting qui montre, preuve à l’appui et sans surprise, que la confiance que les Tunisiens accordent aux politiques a systématiquement baissé. Examinés sous un angle com- paratif, les statistiques concernent toujours les mêmes partis et les mêmes personnalités politiques. Reste que les Tunisiens manifestent à travers ce sondage un degré de confiance plus faible pour la classe politique et quant à l’avenir du pays.
Il est clair que la relation de confiance est affectée. Idem pour les opinions favorables, en nette régression par rapport aux mois précédents. Cela touche aussi bien les partis que les personnalités politiques. Il est évident que les résultats des élections constituent l’indicateur le plus fiable. Il n’en demeure pas moins qu’ils peuvent à tout moment changer, voire prendre, une nouvelle tournure une fois confrontés à la réalité. La confiance politique peut en effet subir des variations significatives, notamment lorsque le fossé se creuse entre la classe politique et les citoyens.
Comment en est-on arrivé là ? D’une épreuve à l’autre, d’un rendez-vous manqué à l’autre, la classe politique multiplie les mauvais choix et les contre- performances. Le problème ne se situe pas seulement au niveau des noms, dont la plupart ne signifient plus grand-chose pour l’opinion publique, comme le révèle d’ailleurs le sondage d’opinion, mais aussi des aptitudes et des compétences, des stratégies, des approches.
Le pire est que les différentes parties prenantes ont vraiment le sentiment d’avoir raison. Leur appréciation de la situation leur paraît juste. Mais le problème est qu’elles sont les seules à percevoir cette raison.
A peu près mot pour mot, nous entendons aujourd’hui le même discours, la même démagogie, le même populisme au sujet des différentes crises par lesquelles passe le pays. Mais jamais, ou presque, des débats d’idées, des questions de fond, le sens de la bonne formule. La décadence de la classe politique n’est malheureusement pas une surprise, et encore moins colportée. Les manquements et les défaillances ne rassurent point sur l’avenir d’un pays qui ne cesse de cumuler les tribulations et les déboires. On a usé et abusé de toutes les promesses et le pire est encore
à craindre. Car, au fait, le mal est beaucoup plus profond que ce que révèle un sondage d’opinion. Il touche aux racines d’une classe politique qui n’a plus ni projet, ni stratégie. Il continuera à produire les aléas et les déformations qui pèsent interminablement sur le quotidien du Tunisien, et surtout sur son pouvoir d’achat, sur sa santé, sur sa sécurité. Le sens de la réhabilitation oublié, l’on ne cesse de miser sur une conjonction immédiate de facteurs peu favorables. Alors qu’on aurait dû appuyer une mobilisation de tous les instants. De tous les jours.
Il serait tellement mieux si on acceptait de ne plus se cacher derrière les faux arguments, si on se décidait à éclairer l’opinion publique, plutôt qu’éteindre la lumière. Et si on se démarquait aussi de cette ineptie qui consiste à faire subir aux Tunisiens les conséquences et les résultats de l’échec de leur classe politique ?